En 1932 une Soreloise est élue reine de Picardie.

 Il s'agit de Denise Colombier qui épousera René Duhamel

 Fille de Rosine Colombier et sœur jumelle de Simone Colombier

Son père tué dans la bataille de la somme était le frère de Georges père d'Elise Bonniere. 

 

Denise Colombier, entourée de ses dauphines sur les marches de l'hotel de ville d'Amiens.

Moi, Denise Colombier,

Reine de Picardie

Je suis née à Sorel-Le-Grand (Actuellement Sorel) dans une famille modeste. Voici mon Histoire:

Je m'appelle Denise Victoria Colombier, j'ai vu le jour le 23 mai 1912 à Sorel-Le-Grand un petit village non loin de Péronne.

J'ai une sœur jumelle, Simone. Notre famille habite Sorel depuis des générations. Mon papa est facteur dans le village.

Mais voila que la guerre frappe, alors que nous ne sommes que des bébés. Mon père est tué en aout 1916 à Etinehen, pas très loin de Sorel, comme tant d'autres.

En tant que veuve de guerre ma maman Rosine est prise en charge par les postes et télécommunications.

Nous partons à Paris quelques années plus tard, ou ma sœur et moi bénéficierons d'emplois réservés aux PTT. J'y ferais toute ma carrière.

 

C'est la, à paris, qu'étonnamment, je serais couronnée Reine de Picardie. Il existait à l'époque une société, on dirait aujourd'hui une association, qui s'appelait " les Picards de Paris" qui quittait les trois départements Picard pour descendre à la capitale retrouvait l'air de la Picardie en participant à toutes les animations de la société, l'élection de la plus jolie Picarde en faisait partie.

La toute première élue fut une demoiselle Mercier en 1930. La seconde une demoiselle Rifflet en 1931.

Je fus la troisième, représentant ma région pour un an.

C'est en1932 que j'ai ceint l'écharpe blanche, devançant peut-être une centaine de concurrentes.

L'événement a longtemps marqué la famille, la photo a trôné sur les meubles pendant des années et un beau jour un de mes fils en fit parvenir une copie au maire actuel de Sorel.

 

Celui-ci, à l'occasion des élections des miss Picardie 2013, fit à son tour parvenir cette photo à Cristèle Dufourg du Courier Picard qui fit paraitre cet article dans le Journal du 27 octobre 2013.

C'est à Paris aussi que j'ai rencontré mon mari, lors d'une réunion familiale. Il s'appelait Gaston Duhamel né le 14 mai 1913. Le mariage a eu lieu à Sorel, bien sur, le 9 juin 1934, ce n'est pas loin de sa région d'origine: il est ch'ti, même s'il est né à Paris.

Nous avons eu trois fils: Claude en 1935, Bernard en en 1937 et Jean-Pierre en 1943

Même si nous habitions Paris nous revenions souvent à Sorel, pour les vacances scolaires par exemple. Nous y avons passé la guerre, la deuxième, plus au moins à l'abri.

Et puis Bernard, devenu enseignant, a pris un poste non loin de la à Manancourt. Les garçons aussi ont grandi entre Paris et Sorel. Les petites filles sont très fière de leur grand-mère et parlent souvent de moi et de ce jour la. Tous les petits-enfants connaissent cette histoire et tous en ont demandé une copie. Peut être ne connaissent-ils pas le poème qui m'a été dédié ce jour-la (voir ci dessous).

Tous connaissent aussi le vase de Montiers, le trophée que j'ai remporté ce jours la, il est encore intact conservé chez Jean-François.

Les miss en 2013 concourraient-elles encore pour un vase (même un Montiers de grande valeur)??

 

Si j'étais encore de ce monde (je suis décédé en 1976) je pourrais raconter ce jour à mes treize arrière-petits-enfants, peut-être viendront-il un jour à Sorel, qui sait. Il n'y a plus personne de la famille là-bas depuis que ma mère est décédée en 1977 et ma sœur en 2000.

Elles y avaient pris leur retraite dans la maison familiale.

 

 

Un poème pour une reine

A Melle Denise Colombier,

Reine de Picardie.

Majesté,

Par la fenêtre ouverte, il entre dans mon bureau

Le matin vers six heures une odeur de coteau

Parmi tous les parfums qui flattent mes narines.

Et que je fais entrer bien loin dans ma poitrine

Je distingue toujours celui du blanc muguet

Ou celui de la rose ou celui de l'œillet.

J'adore ces odeurs, souvent dans un vase

 

Contenant quelques fleurs je m'arrête en extase.

Et je me dis tout bas: " pauvres petites fleurs

Que serez-vous demain, vous n'aurez plus d'odeur

 Et vous ne garderez de vos beautés mouvantes

Qu'un tout petit éclat." oui, les choses charmantes

Ne durent qu'un instant. Plus le bouquet sent bon

 Plus il fane vite et nature a ce don.

 

Noble majesté qui, depuis une semaine,

De notre Picardie êtes la digne Reine

Ne vous  plaignez jamais de ne Reigner qu'un an

Car songez que toujours les fleurs d'un instant

dégagent une odeur beaucoup plus pénétrante.

 

L Guinebault, le 7 février 1932

Hommage à la troisième Reine de Picardie

Honneur à la troisième reine de Picardie!

Le titre de Reine de Picardie ressemble un peu de loin à celui d'une Reine de France: la première est souveraine de beauté, la seconde était autrefois souveraine d'un royaume.

Honneur à la Reine de Picardie!

La reine populaire porte avec majesté les attributs solennels de la royauté provinciale: sceptre Picard, diadème démocratique, écharpe blanche ornées des armoiries de la vielle province française.

Honneur à la reine de Picardie et à ses demoiselles d'honneur!

Les Picardes privilégiées sont fières d'avoir pour marraines: Jeanne D'Arc, Jeanne Hachette et Marie Fouré.

 

Les deux premières sont des illustrations sans exemple dans les annales de l'histoire de France par de haut fait d'armes accomplis en Picardie à l'âge vraiment jeune de 18 ans.

Honneur à la reine de Picardie!

Le symbole de la souveraineté est l'éventail, objet de luxe distingué et gracieux, glorifié dans les temps reculés lequel écran portatif a ses lettres de noblesse comme en font preuve les fresques Egyptiennes et les sculptures Assyriennes.

Honneur à la reine de Picardie!

Fleur de beauté éclose sur le sol ancestral de la Picardie mais arrivée à complet épanouissement à Paris, ville lumière qui est le point de mire des peuples admirateur du beau.

 

Honneur aux deux premières Reines de Picardie!

Les deux premières Reines, mesdemoiselles Mercier et Riflet ont rempli avec distinction et grâce la mission représentative dont elles étaient si orgueilleusement chargées.

Vivent la reine de Picardie et ses demoiselles d'honneur!

Les charmantes élues du mois dernier conserveront un souvenir élogieux d'un de leurs jours de gloire.

Vive le " Petit Parisien"!

Le journal le plus lu dans le monde entier a réservé à la société provinciale de Picardie un accueil vraiment cordial.

signé: Alexis Robillard

 

Petit Parisien du 14 février 1932 - Sorbonne 21 février 1932